Anecdotes :

évidemment, il n'y a pas spécialement besoin de te connaitre personnellement pour savoir que tu n'es pas de l'air d'ici. d'où tu viens, on se déchausse avant d'entrer, on s'incline pour se saluer, on ne refuse pas un verre d'un ainé et on s'agenouille plus bas que terre quand on fait une erreur. t'as pas la tête d'un français commun ça c'est certain. mais c'est ce qui fait de toi un orignal dans le coin. d'ailleurs la france, ça n'a pas toujours été ton pays de prédilection, bien au contraire. part chez toi, on voit la france comme une destination de rêve, paris la ville de l'amour. tu étais de ceux qui y croyaient jusqu'à ce que tu y mettes réellement les pieds à tes dix-huit ans. désillusion. la ville est belle... quand on sait regarder le paysage à travers les vendeurs de rue brandissant branches à selfie ou parapluies selon la météo, quand on retient sa respiration dans les rues et les métros, quand on marche écouteurs dans les oreilles. à peine une semaine plus tard, tu refaisais ta valise pour d'autres contrées lointaines. paris c'était trop. il te fallait moins. il te fallait moins d'espérance, moins d'attente, moins d'envie pour ne plus être déçu. tu as tout de même visé gros, ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'on l'appelle la grosse pomme, new york. aucune attente, tu ne t'aurais jamais vu vivre là-bas et c'est bien pour ça que tu y es allé et que tu y es resté cinq ans. ça a été les cinq années les plus enrichissantes de ta vie. claque culturelle, changement de vie radicale, nouveau cercle social, différences raciales, tant de nouveautés qui t'ont rendu différent et dont tu es relativement fier. tous ces changements t'ont grisé et après avoir passé tout ce temps dans cette ville dont tu n'attendais rien mais qui t'a apporté tellement plus que tu n'aurais pu l'imaginer, tu as continué à voyager. italie, afrique, angleterre, russie, canada, australie hormis en italie où tu t'es longuement perfectionné dans l'art du café, tu ne t'es jamais posé plus de six mois au même endroit, tu n'as jamais eu aussi soif de découvrir le monde. tu as même décidé de retourner en france. n'écoutant que cette vieille mélodie qui te chantonnait parfois dans ta tête "sur le pont d'avignon, on y danse, on y danse", tu as décidé de lui laisser un chance et de croire en avignon. et depuis tu n'es plus reparti. ici ce n'est jamais trop. c'est juste un peu. comme tu l'espérais. tu as toujours soif de monde, mais tu as aussi soif de plus stabilité, de sociabilité et de rester là où tu sens réellement bien. qui sait peut-être que demain tu changeras d'avis. peut-être que demain tu seras perdu dans les sables aux emirats à taper la discut' avec un buisson sec mais pour l'instant tu es ici à arroser cette plante presque ancestrale que tu traines partout avec toi depuis que tu es partie de corée du sud. elle est énorme et feuillu. ton café à la particularité d'être sur deux étages avec une vaste et haute entrée qui permet de voir les deux niveaux ainsi que cette gigantesque plante qui part du sol jusqu'au plafond et qui avec le temps a commencé à tapisser celui-ci. celle-ci a donné au fil du temps un charme particulier à cet endroit et que tu as pris goût à rendre très "instagram-able" laissant ton coté photographe prendre le dessus. message subliminal ou non, mais cette plante n'a jamais été aussi sublime qu'ici à avignon et tu ne peux t'empêcher de te comparer à elle parfois. il a fallu que vous vous évadiez de votre pays d'origine pour réellement commencer à exister. il faut dire que jusqu'à tes dix-huit ans, tu n'as jamais vraiment été quelqu'un hormis un fils à papa. tu aurais pu le rester. mais tu ne sais pas qui de ses coups ou de l'ennui aurait été plus rapide pour te tuer.

trucs inutiles mais mignons à savoir : il a un accent à couper au couteau mais parle très bien français, entrer dans son café c'est être sur à 1000% que tu vas être photographié en prime, "teo" c'est pour faire plus simple que "tae-oh", ça lui hérisse le poil de se faire appeler "teo kim" au lieu de "kim teo" (ça se dit dans ce sens en corée), parlant de poil, il a un chat qui s'appelle sheldon et qui le déteste sauf quand il est question de manger, miss tu n'auras jamais une peau aussi parfaite que lui essaie même pas.