moodboard ϟ Tu détestais dormir à l’hôtel. C’était une évidence, une certitude. Tu détestais entendre les gens marcher dans le couloir, troublant le silence omniprésent, ou la façon dont la ménagère pliait tes draps. Tu n’aimais pas cette intrusion dans ta vie privée ; et pire encore, ici, tu n’arrivais pas à te concentrer. Aucun mot ne s’évadait de tes doigts pour se croiser et s’empiler sur le papier froissé.
C’était frustrant. Terriblement frustrant.
Alors, quand l’agente immobilière que tu avais choisie te contacta pour te dire qu’elle avait trouvé un bien immobilier qui pourrait peut-être satisfaire tes exigences, tu bondis de ton lit. Tu étouffais, ici. Sortir un peu, prendre l’air et visiter ta potentielle future maison te ferait un bien immense. Peut-être même que tu retrouverais l’inspiration, qui sait ? Même si tu en doutais fortement.
Tu commandas un taxi pour l’heure à laquelle tu avais rendez-vous. Tu demandas bien évidemment au chauffeur qu’il te laisse un peu plus bas dans la rue, que tu puisses marcher dans le quartier et te faire ton premier avis sur le voisinage. Ici, il n’y avait que des grandes maisons et des jardins. Tu entendais non loin de là les aboiements de quelques chiens et les cris de joies des enfants – même si tu te serais bien passé du deuxième. Quoiqu’il en soit, la maison était quand même bien plus reculée que les autres. Tu serais à l’abri de tous bruits.
L’agente était là, sur le trottoir menant à la grande – l’énorme – maison. Elle était aussi belle que ce que tu te souvenais des dossiers que tu avais imaginé. D’ailleurs, tu ne l’avais pas choisi que pour ça, plutôt pour son professionnalisme, mais il fallait avouer que sa beauté avait joué en sa faveur …
« Bonjour. Vous avez pu trouver facilement ? »
Tu haussas les épaules. Tu t’étais contentée de donner l’adresse au chauffeur de taxi, ce dernier zigzaguant sur la route dans un oiseau dans le ciel.
« Mon chauffeur de taxi a trouvé très facilement. » t’embarrassas-tu à répondre.
Tu tournas ton regard vers la maison. Cette dernière était aussi large que haute. Il devait bien avoir trois étages. Ou quatre. Il y avait trop de fenêtre, tu ne savais plus où regarder. « Elle a l’air petite. » déclaras-tu tout de même, une mine curieuse sur le visage.
Tu te demandais bien pourquoi ce bien-là avait tapé dans l’œil de la jolie demoiselle.
« Pouvons-nous commencer le visite, mademoiselle Sánchez ? »
Tu lui tendis ton bras, comme tout homme galant que tu étais.
moodboard ϟ Le visage de la jeune femme se figea un instant lorsque tu lui annonças que tu trouvais la maison un poil trop petite, te laissant tout le temps de monde de capturer son expression et l'imprimer au fond de ton esprit. Son sourire s'était tétanisé sur ses lèvres, son regard avait momentanément perdu de son ardeur, et si tu avais tendu l'oreille, tu aurais été certain d'entendre son cœur rater un battement ... Mais tu divaguais bien sûr ; car la seconde d'après, elle reprenait des couleurs et reprenait vie comme si la stupeur n'avait pas ankylosé ses traits, secondes aussi futiles soient-elles.
« Je vous promets qu'elle est bien plus spacieuse à l'intérieur qu'elle n'en a l'air de l'extérieur. »
Tu reportas ton regard sur la maison. L'extérieur était plutôt agréable à regarder, même si tu savais pertinemment qu'il ne fallait jamais juger un livre à sa couverture. Et puis, tu n'allais pas passer le restant de ta vie à regarder la façade du manoir ; mais plutôt évoluer en son sain, et tu espérais bien que le bien serait à la hauteur des tes attentes. Quoiqu'il en soit, tu aimas tout particulièrement l'étincelle déterminée qui traversa le regard de mademoiselle Sánchez, et tu te fis la réflexion que tu lui laisserais peut-être une chance de te profiter entièrement la maison avant de commencer à pinailler.
Vous passèrent la porte d'entrée, et tu observas avec attention les deux énormes escaliers en marbres qui habillaient la pièce et amenaient à l'étage. Plus loin, tu distinguais ce qui devait être la pièce à vivre, et l'énorme baie vitrée qui donnait sur un gazon presque parfait.
« Je vous montre le bureau qui fait aussi office de bibliothèque. Il y a de très beau bois utilisé dans toute la maison. »
Bibliothèque ? Bon sang, cette femme savait utiliser les bons mots pour t'avoir dans sa poche. Tu n'avais pas encore vu la pièce, mais tu savais déjà qu'elle serait ta préférée de toute la maison. La jeune femme t'amena vers une pièce latérale et poussa la porte. L'odeur du vieux livre et du bois sec t'assaillit les narines, et tu pris une grande respiration, bouffant tes poumons d'inspiration. Puis, tu fis quelques pas dans le bureau.
Les livres tapissaient absolument tous les murs. Il y en avait plus que de ce que tu avais probablement lu dans ta vie - et dieu savait à quel point tu lisais beaucoup. Et au centre, un simple bureau dans le même bois que les étagères pleines à craquer. Le meuble était vide, dépouillé de toute vie ou objet, mais tu y imaginais déjà tes notes éparpillés et tes mots pressés.
Tu fis encore quelques pas jusqu'à venir caresser le dos du bois du bout des doigts.
« Je pourrai m'imaginer ici, à tracer l'ébauche de ce quatrième roman qui ne peut s'empêcher de m'échapper. »
Tu te retournas vers la jeune femme, croisant les bras sur ton torse.
« Vous avez commencé en beauté, Mademoiselle Sánchez. J'espère que le reste sera à la hauteur. »